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Succombez aux deux visages
de l’Islande

Il y a trois ans, combien de personnes auraient été capables de situer précisément l’Islande sur une carte du monde ? Vulcanologues impatients ou marcheurs passionnés mis à part, l’île ne figurait même pas sur les écrans des flashs météo du 20 Heures. En dépit d’une croissance insolente, d’un taux de chômage proche des températures locales ou d’un revenu par habitant le plus élevé au monde, les gesticulations motivées du nain nordique étaient naguère observées avec une condescendance qui confinait à l’indifférence la plus totale.

Une quasi-banqueroute et une éruption volcanique plus tard, l’Islande fait désormais les gros titres des médias internationaux. Aucun journaliste n’a été capable de prononcer correctement le nom du volcan qui fut source de piaillements désemparés, aucun scientifique n’a su prédire la durée du calvaire cendré, mais beaucoup ont fustigé cette Islande qui ne maîtrisait ni ses investissements pharaoniques, ni sa nature insolente et pourtant si belle.

Un pays cinq fois plus petit que la France

L’île offre un panel de paysages aussi disparates qu’extraordinaires, sur une superficie qui ne représente que le cinquième de celle de la France. Un concentré de magnificence, donc. Alors, comme si elle voulait convaincre ses hôtes de s’attarder sur son sol, la nature sauvage enchaîne les représentations spectaculaires. Il suffit, pour s’en convaincre, de faire le tour de l’île par la route no 1. En quittant Reykjavík vers le sud, les vallées verdoyantes se succèdent d’abord. La terre de glace déploie son drapeau naturel : étendue verte de lichen, lignée anthracite de l’asphalte et vaste plaine de sable noir.

Au loin, déjà, les nombreux volcans de l’île s’affichent comme les promesses sombres et anguleuses de nouveaux mystères qui attendent leurs admirateurs. Tantôt toscane, tantôt écossaise, souvent lunaire, la « terre de glace » déploie sa palette de teintes et de reliefs variés, offrant parfois l’étrange et improbable physionomie d’une Pangée. Un ptérodactyle pourrait-il surgir de ces brumes épaisses et inquiétantes qui masquent les sommets de granit ?

À l’image de la terre brute et sauvage qu’il occupe, l’Islandais est d’un abord rocailleux. Peu disert, aussi froid qu’un glacier autochtone, le Viking se déleste néanmoins de cette apparente austérité au premier sourire de celui qui s’adresse à lui. Révélant son humanité à l’aune de vos contrariétés, la gentillesse et la bienveillance sont à l’Islandais ce que la nuit arctique est au mois de décembre : une réalité implacable. N’est-ce pas une raison suffisante pour souhaiter la rencontre ?

Prenez un grand bol d’énergie !

Et puis, comme en témoignent les vidéos qui circulent depuis quelques semaines sur le site inspiredbyiceland.com, développé afin de convaincre les touristes de se rendre sur l’île, les Islandais ont une énergie communicative. Comment résister à cette force brute qui gagne les corps engourdis dès que le jour repointe le bout de son nez froid ? Comment ignorer les premiers rayons d’un soleil lumineux qui envahit durablement la surface de l’île ? Dans le centre de Reykjavík, à mesure que les arbres reprennent leur fonction chlorophyllienne et que les fleurs resurgissent de la terre, les Islandais sortent de l’hibernation pour entrer en action. Balade, sport, piscine… Après avoir supporté les longues périodes de vent, de pluie, de neige et de nuits polaires hivernales, ils se réapproprient l’espace et le temps pour vous faire partager l’émulation de cette renaissance estivale.
Il n’existe que deux saisons en Islande ; que vous choisissiez la version glacée et opaque de l’hiver ou préfériez le renouveau énergique des beaux jours de l’été, une chose est certaine : l’Islande et ses habitants ne vous laisseront jamais indifférents.

Article publié dans le magazine Money Week de juin 2010