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Tentations d’Islande

Tentations poissonneuses

À proximité immédiate du vieux port, dans le centre de Reykjavik, il existe un petit restaurant, qui ne ressemble à rien. Surement pas à un restaurant en tout cas. Le genre d’endroit qu’en touristes pétris d’un conformisme obtus et formaté certains éviteront peut-être. La porte une fois franchie, les autres ne seront pas nécessairement beaucoup plus rassurés par leur audace. Il y a parfois du monde ; à tel point que vous devrez sans doute partager votre table avec d’autres aventuriers, entouré de phoques ou de rennes pétrifiés et de vieux gréements encadrés. Et si je dis « table », c’est parce que je ne connais pas d’autre mot pour qualifier ces longues planches de bois instables devant lesquelles vous vous installerez, après avoir posé vos corps affamés sur des tonneaux en plastiques en guise de tabourets. Fort heureusement, les saveurs raffinées trancheront bientôt avec l’austérité rude et austère du lieu. Car lorsque vous aurez dégusté les brochettes de saumon grillé, de homard, de baleine ou de lingue bleue qu’une jeune femme gironde et souriante vous aura servies dans de petites assiettes en polystyrène, alors, vous ne regretterez pas d’avoir cédé à la tentation.

Pour en savoir plus : Sea Baron : Geirsgata 8 – 101 Reykjavik

Tentations pacifiques

Il aurait eu 70 ans samedi dernier.

Concerts, expositions, cérémonies… De nombreux hommages lui sont rendus un peu partout à cette occasion. Lui, c’est Lennon. Prénom John. Artiste rebelle et pacifiste assassiné en 1980 par un fan tout autant rebelle, mais un chouilla moins pacifique.
A Reykjavik aussi, le chanteur de Imagine sera célébré jusqu’au 8 décembre prochain, date de sa disparition. En prélude aux nombreux rendez-vous à venir visant à célébrer la mémoire de son illustre compagnon, samedi dernier, comme chaque année depuis maintenant trois ans, Yoko Uno a fait rallumer Imagine Peace sur la petite île de Videy, située à proximité de la capitale Islandaise. Nul doute qu’il faille une bonne dose d’imagination pour croire que ce joli faisceau de lumière pointé vers le ciel, puisse émousser les ardeurs belliqueuses des Hommes. D’ailleurs, d’autres verront peut-être dans le symbole banal de cet espoir utopique, comme un glaive gigantesque transperçant les vœux puérils d’étoiles filantes qui passaient par là. Question de point de vue.
Quoi qu’il en soit, pendant près de deux mois, des films, des documentaires et des expositions lui seront consacrés, des concerts lui seront dédiés, et certains ont même eu la présence d’esprit de proposer des dîner-spectacles sur l’île, moyennant un peu moins de 10 000 couronnes par tête de pacifiste (65 euros), histoire de célébrer l’auteur de « Give Peace a chance », tout en dégustant paisiblement les plats concoctés par un Chef Islandais.
Tout autant inefficace, mais bien plus reposante, la pratique du « bed-in », un concept inventé par John et Yoko à la fin des années 60 pour protester contre la guerre au Vietnam, pourra constituer une alternative amusante pour les amoureux transis désireux d’avoir la paix.

Pour en savoir plus : Imagine Reykjavik

Tentations addictives

Elle est Islandaise. Lui est Français. Mais tous deux parlent la langue de l’autre. Thorunn et Olivier ont fondé KISAN Concept-store il y a moins de 10 ans. Après avoir travaillé ensemble à Paris, ils se sont laissés séduire par le charme volcanique et l’attrait brute de l’Islande. Harmonieux mélange de pudeur élégante et d’ouverture vers les autres, le couple exhale le parfum rare d’une humanité à fleur de peau. L’espace s’en est imprégné.
Dans cette caverne d’Ali Baba, située au cœur du « vieux » Reykjavik, 1001 choses singulières, belles ou décalées s’affichent sur les étagères comme autant de merveilles hétéroclites dans leurs écrins colorés : beaux vêtements pour marmots, sacs chics pour femmes extatiques, valises de valeur pour frequent flyers, ours polaires géants pour enfants, biches, hiboux et autres pingouins dévoreurs d’ampoules, disques et livres, bougies aux senteurs raffinées… KISAN est une compilation d’objets sélectionnés par Thorunn et Olivier sur des critères dont personne ne connait vraiment la nature. Serait-ce le secret de leur succès ? Car après avoir lancé KISAN sur l’île aux volcans, une seconde boutique a ouvert ses portes sur celle de Manhattan, à New-York, il y a un peu plus d’un an. Lorsque Björk s’engouffre dans le concept-store de Reykjavik, Christina Aguilera, Marion Cotillard ou Jessica Alba font désormais leurs emplettes dans celui de Soho. A l’ère du merchandising et des stratégies marketing les plus fines, Thorunn et Olivier laissent le flair guider leurs choix. Et leur réussite semble indiquer qu’il ont eu le nez fin.

Pour en savoir plus : Kisan New-York : 125 Green Street

Tentations disparates

Paris, Dakar, Londres, Istanbul, Oslo… La plupart des villes du monde ont les leurs. Reykjavik n’échappe pas à la règle. Tous les week-ends, à proximité du vieux port de la capitale, dans un immense bâtiment industriel, objets hétéroclites et denrées autochtones s’exposent aux « puces » de Kolaportið dans un fatras coloré. Disques en vinyle, DVD, livres anciens, meubles d’un autre âge, vêtements de seconde main, jouets, vieilles cartes postales, décorations de Noël… Ouvertes il y a plus de 20 ans, ce « flea market » version arctique propose même un espace « alimentaire »; à défaut de poisson séché ou de requin pourri (pour les aventuriers en mal d’expériences gustatives inhabituelles), les cakes, brioches et autres pâtisseries locales pourront constituer une alternative appréciable. Mais que ceux qui n’ont que faire de ces babioles disparates se rassurent : lorsqu’au coeur de l’hiver, les tourbillons glacés et humides s’infiltrent dans les cous tièdes, l’endroit peut aussi servir d’abri chauffé.

Pour en savoir plus : Flea market : Tryggvagötu 19, 101 Reykjavík (samedi et dimanche de 11h à 17h)

Tentations francophones

Cela fait plus de vingt ans que l’Académicien Français Pierre Loti a publié son « Pêcheur d’Islande »; l’île s’apprête à obtenir son autonomie vis-à-vis du Danemark; le volcan Katla s’active secrètement en attendant son jour, et l’Université d’Islande est officiellement créée la même année… Nous sommes en 1911. C’est aussi l’année que l’Alliance Française de Reykjavik choisit pour ouvrir ses portes. Pour commémorer le centenaire de cette naissance, l’association a planifié de nombreux événements. Le dessinateur Tomi Ungerer, l’artiste Louise Bourgeois, le photographe Marc Riboud, la chanteuse Sigríður Thorlacius entre autres, seront ainsi honorés à partir du mois de mai prochain à travers une série d’expositions, de concerts, de films, de tables rondes ouverts au public. Et si vous rêvez de dialoguer avec deux « stars » de la littérature donc les oeuvres suscitent avec une égale intensité, tantôt l’enthousiasme, tantôt la contestation, alors sans doute réserverez-vous un vol pour la capitale Islandaise. Le 25 mai d’abord, Michel Houellebecq vous attendra à la Maison Nordique pour « un échange avec ses lecteurs ». Michel Onfray ensuite, viendra « discuter de ses positions philosophiques ». Si le débat vous tente…

Pour en savoir plus : Alliance Française de Reykjavik

Tentations hamburgers

Tentations hamburgers ? Malgré mon isolement, je parviens à les entendre. Nutritionnistes intégristes, farouches et intrépides combattants d’une sur- consommation d’acides gras saturés et autres adeptes de la « slow food ». Comment pouvez-vous faire l’apologie d’un produit qui, en l’espace de 30 jours, a sensiblement modifié les mensurations de Morgan Spurlock, me disent-ils ? Soit. Le hamburger du Laundromat n’a toutefois et fort heureusement rien à voir avec son équivalent macdonaldien. Quant à ceux qui resteraient sceptiques, rien ne les empêchera de reporter leur choix sur l’une des salades proposées, un jus de fruits frais, un milkshake « maison » ou simplement un café. Bref. Qu’importe. Certains n’iront sans doute dans ce nouveau restaurant du centre de Reykjavik que pour le sourire « ultra brite » de ses serveuses. Les autres pour la joyeuse et chaleureuse ambiance qui y règne. L’aménagement intérieur ne ressemble en rien au cadre normé de l’enseigne Américaine qui fut à l’origine des 12kg engloutis par le héros de Super Size Me. Les parents épuisés rêvant d’un moment de solitude y trouveront une salle de jeu pour leurs enfants. Les traders en vacances auront accès à une connexion gratuite pour surfer sur leur site de finance favori. Et les amateurs de backgammon ou de tarot pourront profiter des banquettes confortables à leur disposition. En définitive, à défaut de hamburger, ce ne seront pas les tentations qui manqueront.

Pour en savoir plus : Laundromat (Austurstræti 9 – 101 Reykjavik)

Tentations musicales

En mai dernier, la toute nouvelle salle de concert Harpa a ouvert ses portes. L’inauguration a coïncidé avec la finale de l’Eurovision. En Islande, l’événement réunit chaque année la quasi totalité des islandais devant leur poste de télévision avec une audience qui frôle les 90%. Un engouement dont les mauvais esprits diront qu’il est inversement proportionnel aux performances des groupes qui se succèdent depuis près d’un quart siècle, mais qui n’émousse par pour autant l’enthousiasme autochtone.

Pour l’occasion, une immense salle avec écran géant avait été mise à la disposition du public, qui a pu suivre en direct la triste défaite des « Sjonni’s Friends ». Ce fut aussi l’opportunité de faire découvrir aux habitants de Reykjavik l’étonnante bâtisse qui faillit ne jamais voir le jour en raison de la crise.
Composées de dizaines d’alvéoles hexagonales en verre, les architectes Danois et Islandais semblent s’être inspirés de la structure d’une ruche pour concevoir Harpa. Une ruche gigantesque dont nous serions les abeilles frétillantes, jouant avec les raies décuplés et fragmentés de la lumière extérieure. Bien que quelques accès soient encore interdits au public, les premiers spectacles ont déjà été donnés et le programme des concerts à venir est d’ores et déjà disponible sur le site. Chanteurs d’opéra, solistes, rockers… Comment pourriez-vous résister à la tentation de venir butiner des sensations musicales aussi hétéroclites ?

Pour en savoir plus : Harpa

Tentations florales

Depuis un demi-siècle, le Café Flora a pris racine au coeur des 2,5 hectares du Jardin botanique de Reykjavik et de ses 5000 espèces végétales provenant du monde entier. A proximité du zoo de la capitale Islandaise et de ses quelques phoques apathiques, chevaux nains, moutons odorants et autres chèvres, lapins, renards, visons… mélancoliques, cet improbable restaurant ouvert jusqu’à 22 heures en été, installé dans une serre et noyé dans la verdure, propose de nombreux plats préparés à base des produits frais du jardin. Par grand soleil, isolé des clameurs de la ville, s’installer à l’une des tables disposées dehors confine à l’orgasme pollinisateur. Le lieu en vaut donc la bagatelle !
Préférez toutefois les salades aux petit-déjeuners, lesquels n’ont rien à envier, de mon point de vue, aux équivalents standardisés de certaines chaînes hôtelières.

Pour en savoir plus : Jardin botanique / 104 Reykjavik / +354 553 88 72

Chroniques rédigées pour le compte de eDreams et publiées sur le site Vivreenislande.fr

Descriptifs de lieux et d'événements à découvrir sur l'île nordique.